Bougez après un cancer du sein !

L’activité physique est bénéfique contre le surpoids et pour sa santé cardiovasculaire. Mais elle l’est également après un cancer du sein, en réduisant le risque de récidives. Pour connaître les pratiques sportives des femmes guéries d’un tel cancer, la Mutualité Française et l’Association française de l’après cancer du sein (Afacs) lancent la première enquête nationale intitulée « Bougez contre le cancer du sein ».

On sait que l’activité physique est bonne pour la santé. On sait également que sa pratique régulière prévient le risque de cancer du sein. Ce qu’on ignorait en revanche, c’est qu’elle est aussi bénéfique chez les femmes ayant survécu à un cancer sein.

L’activité physique réduit le risque de récidive du cancer du sein

Selon les estimations, une femme sur 8 sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie. Grâce aux progrès médicaux, la plupart peuvent être guéris. Mais les femmes n’en ressortent pas forcément indemnes, ainsi les médecins s’intéressent de plus en plus à la qualité de vie dans l’après-cancer. « L’activité physique est probablement l’arme la plus efficace pour lutter contre les effets négatifs dont on parle peu : la fatigue chronique, l’anxiété et la prise de poids », a expliqué le Dr Christian Jamin, endocrinologue et président de l’Association française de l’après cancer du sein (Afacs). Selon ce spécialiste, on commence tout juste à s’apercevoir que « l’activité physique réduit la survenue du cancer su sein et qu’il existe une corrélation entre l’intensité de l’activité physique et la prévalence du cancer du sein ». « Mais ce qui est moins connu, c’est le fait que l’activité physique diminue le risque de récidive et la mortalité par cancer du sein dans des proportions non négligeables », ajoute-t-il.

Des études ont en effet montré que l’activité physique démarrée après un cancer du sein réduisait de 25 % le risque de récidive (en diminuant le surpoids notamment), diminuait de 30 % celui de la mortalité, et améliorait la qualité de vie en atténuant considérablement la fatigue. A l’origine de ce mécanisme, on pense que le tissu adipeux sécrète des hormones bénéfiques au développement du cancer. C’est en jouant sur cet équilibre hormonal que l’exercice physique et la perte de poids auraient un effet bénéfique.

 

Améliorer la qualité de vie après un cancer du sein

Forte de constat, la Mutualité Française et l’Afacs ont lancé, le 14 septembre 2010, une grande enquête baptisée « Bouger contre le cancer du sein »  parrainée par la championne Christine Arron, détentrice actuelle du record d’Europe du 100 m. Ouverte jusqu’en mars 2011, cette étude doit juger de la pratique sportive des femmes après un cancer du sein, et identifier les freins au sport, tant de leur part que de celles des médecins. Réalisée en partenariat avec le service de Médecine du sport du CHU de Clermont-Ferrand et le service médical de l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance (Insep), cette enquête vise à identifier l’activité physique après un cancer du sein auprès des femmes mais également de leurs médecins.

« Le travail statistique sera de chercher la corrélation entre leur discours et l’activité physique des femmes, et de voir si leurs conseils sont modulés par leur propres mode de vie », a précisé le Pr Martine Duclos, chef du service de médecine du sport au CHU de Clermont-Ferrand, en charge de l’analyse des données. Cette « photographie » des femmes après cancer du sein a permettra également de voir ce qui peut avoir une influence sur la qualité de vie après une telle maladie.

Les enquêteurs espèrent pouvoir préciser l’influence qu’exercent les professionnels de santé sur la reprise d’une activité physique. Un volet leur est d’ailleurs réservé, afin de connaître leurs propres pratiques sportives, les recommandations en matière d’activité physique qu’ils font à leurs patientes guéries d’un cancer du sein, ainsi que des éléments susceptibles de freiner leur prescription.

Garder une vie quotidienne active

Pour le Dr Anne Lesur, onco-sénologue et vice-président de l’Afacs, cette enquête permettra également de combattre certaines idées reçues.

  • La première consiste à croire que « comme je suis malade, je ne dois plus rien faire ». Or « il faut garder une vie quotidienne un peu active », conseille-t-elle.
  • La seconde associe souvent inconsciemment la perte de poids à une mauvaise santé et, dans le cas d’un cancer, à une rechute. « On sait désormais que le surpoids est un des facteurs les plus importants dans l’évolution péjorative du cancer du sein » ; perdre du poids joue donc un rôle majeur dans l’amélioration des chances de survie sans maladie, a précisé le médecin.

Pas question pour autant de culpabiliser les femmes qui n’ont jamais été sportive. L’activité physique « va des tâches de la vie quotidienne, comme le ménage, la marche pour se rendre à son travail ou les escaliers que l’on monte, à l’autre extrême qui est le sport de haut niveau », précise le Dr Jamin. La quantité d’activité physique à partir de laquelle des effets sur la survie sont observés correspond à 30 minutes de marche à bon pas, 4 à 5 fois par semaine et ceci quel que soit le niveau d’activité physique avant le diagnostic. Il n’est pas davantage question de culpabiliser celles qui ont un bon coup de fourchette. Pour le Dr Lesur, « l’idée est plutôt d’inciter les femmes à reprendre de bonnes résolutions de façon à ce qu’elles reprennent la main sur leur vie ».

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