Coronavirus : un traitement révolutionnaire à base de sucre ?
Alors que l’épidémie du coronavirus chinois 2019-nCoV s’étend désormais à 18 pays, des chercheurs suisses affirment avoir trouvé une substance à base de glucose qui détruit les virus par simple contact. Cet antiviral pourrait s’avérer efficace contre les virus émergents pour lesquels il n’existe encore aucun vaccin. En attendant, d’autres équipes tentent de relancer des traitements existants pour combattre l’épidémie en cours.
Une substance qui détruit les virus par simple contact, de manière irréversible, et parfaitement inoffensive pour l’organisme : c’est la découverte étonnante d’une équipe de chercheurs de l’université de Genève, de l’EPFL et de l’université de Manchester. Cette molécule miracle est pourtant issue… de sucre. Plus exactement, d’un dérivé naturel du glucose appelé cyclodextrine, déjà largement utilisé dans la pharmacie, la cosmétique ou comme additif alimentaire. « Les cyclodextrines sont biocompatibles, faciles d’utilisation, elles ne déclenchent pas de mécanisme de résistance et ne sont pas toxiques », se félicite Samuel Jones, chercheur à l’université de Manchester et principal auteur de l’étude parue dans Science Advances.
Contre les virus, des traitements limités ou peu fiables
Coronavirus, grippe, Ebola, Zika, hépatite, VIH…, les virus sont responsables de nombreuses maladies pour lesquelles les traitements sont limités. Alors que les vaccins agissent en amont de la maladie, en immunisant l’organisme contre l’agent pathogène, les substances « virucides » sont capables de détruire le virus par simple contact. C’est le cas par exemple de l’eau de Javel ou des aldéhydes, utilisés pour la désinfection. Sauf qu’évidemment, ces produits sont extrêmement toxiques et ne peuvent pas être injectés dans le corps. Il existe bien des médicaments antiviraux, comme l’héparine, mais ils agissent la plupart du temps en inhibant la croissance du virus sans le détruire complètement. De plus, ils ne sont pas toujours fiables car les virus sont susceptibles de muter et de devenir résistants.
Les cyclodextrines sont des molécules cycliques comportant 6 à 12 unités de D-glucose
Très stable chimiquement, cet antiviral pourrait être administré sous forme de crème, gel ou en vaporisateur nasal, suggèrent les chercheurs, qui ont créé une start-up dans la foulée pour exploiter leur trouvaille. La commercialisation de traitements à base de cyclodextrines pourrait en effet arriver rapidement. « Étant donné qu’elles sont déjà couramment utilisées, notamment dans l’industrie agroalimentaire, cela facilitera la mise sur le marché de traitements pharmaceutiques les utilisant », se réjouit Valeria Cagno, chercheuse à la Faculté de médecine de l’université de Genève et coauteure de l’étude.
Coronavirus 2019-nCoV : les laboratoires dans les starting-blocks
Cela ne sera quand même pas assez rapide contre le coronavirus 2019-nCoV dont l’épidémie est en cours en Chine et dans le monde. Pour combattre ce dernier, d’autres équipes testent actuellement des antiviraux déjà sur le marché. Des chercheurs chinois mènent ainsi un essai clinique avec une combinaison de Lopinavir et de Ritonavir, deux médicaments contre le VIH. Ces derniers sont des inhibiteurs de protéase, une enzyme utilisée par le VIH et les coronavirus pour se répliquer. Ce traitement s’était avéré relativement efficace contre le SRAS en 2004, indiquent les chercheurs dans leur étude publiée dans The Lancet. Les inhibiteurs de protéase avaient également été testés sur le coronavirus MERS-CoV (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) en 2016. Le Remdesivir, un traitement contre le virus Ebola, pourrait également avoir une action contre le coronavirus 2019-nCoV, estime Gilead Sciences qui le commercialise.
Et il n’est pas le seul à s’intéresser au nouveau coronavirus. Regeneron, qui mène actuellement un essai avec des anticorps contre le MERS-CoV, affirme avoir déjà trouvé des points de similitude entre les deux virus. Les chinois sont également dans les starting-blocks. La biotech WuXi Biologics a annoncé avoir dédié une équipe de 100 chercheurs à la mise au point d’anticorps contre le nouveau coronavirus. « Nous pourrions être en mesure de lancer la production en quatre à cinq mois, contre 12 à 18 mois pour une procédure classique », affirme la start-up. Le compte à rebours est lancé.
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